La faim

❝ La faim ❞

La nuit venait enfin d'être à son apogée. C'était la pleine lune, et les étoiles éclairaient presque autant le ciel noir que celle-ci. Une brise à glacer le sang traversa toute la tanière darkness jusqu'à se faufiler dans une souche d'arbre mort. Le cadavre d'un cerf datant de quelques jours était toujours en stade de décomposition avec pour seule chaire, des insectes affamés et un louveteau maigrichon essayant en vain de ronger le cartilage peu présent sur le squelette. Les loups et louves affamés grognaient et commençaient à lorgner chacun d'entre nous pour voir lequel est le plus faible afin de le sacrifier. C'était pour la bonne cause après tout, non ? Du moins c'est ce que pensaient les plus affamés. Pourtant nous nous sommes peu nombreux et chaque membres est précieux mais selon Saakis, et j'en pensais tout autant, les faiblards ne nous font que ralentir, seuls les plus forts mérites de vivre. En revanche, avec les lightness non loin, il valait mieux trouver de quoi se nourrir. Et vite.
C'est dans ce cas d'urgence que je pris la décision, marchant d'un pas décidé accompagné par les gargouillis de mes compagnons loups, de parler au chef de réaliser une chasse hors des terres afin de trouver plus facilement du gibier. L'alpha était là, sur une bute légèrement surélevée, au dessus des tanières principales où il dormait. Il surveillait chacun de nous, peut être pour en égorger un afin d'en faire son festin ou peut être trouver son futur bras droit qui l'accompagnerait dans les batailles avenir. Personne ne savait à quoi il pensait lorsque la faim nous tiraillait. Arrivé au pied du tas de terre, je fis une révérence et prononça :

- Alpha… j'aimerai avoir votre permission pour que certains loups encore apte à chasser et moi puissions aller hors des terres darkness ramener de quoi remplir nos ventres.

Saakis resta muet mais il laissa poser ses yeux sur moi. J'entendis un loup derrière moi couper sa respiration par peur que l'alpha ne se jette sur lui ou même sur moi. Avais-je peur ? Non. L'alpha était certes aussi affamé que nous mais il avait encore toute sa conscience et il était sans nul doute le plus fort d'entre nous tous.  C'était pour cela qu'il fallait lui prouver notre respect et encore moins lui montrer notre peur face à l’ennemi ou même face à lui car ça signifiait notre faiblesse. En revanche, une grande majorité des loups et des louves de la meute étaient terrifiés quant à lui parler, ils préféraient donc rester sans voix lorsqu'il y avait un problème au sein de la meute tel que le manque de nourriture, par peur de se faire déchiqueter sur place par leur propre chef. Peu oser prononcer son nom même. Et ils avaient raison d'avoir peur… Cependant, je me permis d'insister sur ce sujet.

- Chef, la meute est affamée, je propose que 3 loups dont moi partions chasser sur les terres neutres, là où la viande y est plus présente, afin que nous puissions tous reprendre des forces.

Je le regardais attentivement, chacun de ses faits et gestes afin de décrire son intention. Puis, après un silence qui semblait presque interminable, l'alpha respira profondément avant de répondre :

- J'aime ton initiative Argawaen, dommage que d'autre ne l'ai pas eu avant... Mais prends seulement des chasseurs avec toi, je préfère garder les autres guerriers ici pour protéger le reste de la meute. Va maintenant !

Je m'inclinais une deuxième fois, et choisi soigneusement deux loups dans la meute. Ses mots m'avait énormément toucher, c'était comme cela que l'alpha félicitait ses loups, mais les mots qui suivirent ne plurent pas d'avantage aux deux chasseurs qui m'accompagnèrent.
Nous commencions à marcher pour aller hors de la tanière quand on entendit :

- Mais ne revenez pas sans un gros gibier... Sinon c'est vous qu'on dégustera au menu. Vous avez jusqu'à l'aube.

En effet, ils avaient raison d'avoir peur puisque le soleil serait vite là donc il nous fallait nous dépêcher. Je partis donc avec mes deux compagnons, tout deux bons chasseurs, hors des terres darkness.

❝ La faim ❞

Je venais à peine de me lever par cette nuit fraîche et ce vent glaciale. Le ciel, dans toute sa splendeur, dévoilait un magnifique champ étoilé éclairant chacun des loups de ma meute. Je sortais de ma tanière afin de m'installer sur la bute qui la surplombait. Ils étaient tous là à m'observer mais je n'y pris aucune attention. Le bruit du vent dans les feuillages et arbres morts, accompagné des gargouillis faisaient un doux son, quelque peu sinistre. L'odeur de la carcasse hantait les lieux. J'admirais la volonté d'un louveteau à chercher le peu de cartilage qu'il pouvait rester malgré la présence des nombreux insectes ayant déjà ronger les os. Nous avons connu des jours sombres sans nourriture, mais ceux-ci commençaient à s'éterniser. Je ne ressentais presque pas ses effets mais la peur prenait un malin plaisir à prendre possession de la meute, les crèves la faim, se demandant lequel aller y passer en premier. C'était pour cela que la plupart essayait tant bien que mal à rester droit sur leur quatre pattes pour ne montrer aucun signe de faiblesse. Mes yeux de sang se perdirent dans l'obscurité de la forêt pensant au courage peu présent parmi les membres blackness. Après tout, n'avaient-ils pas raison d'être si effrayé par ma présence ? Il était vrai que ma réputation se faisait entendre sur tous les territoires. En revanche cela m'agaçait plus qu'autre chose qu'aucun des loups ou même l'arrogance de la jeunesse ne soit parvenu à donner le peu de force qui lui restait pour s'avançait devant moi, Saakis. Et je me lassais de devoir reprendre chacun d'entre eux pour leur dire quoi faire, alors je me disais que peut être en les laissant mourir de faim, il y en aurait au moins qui se dévouerait à prouver son courage face à moi. Mon vœux fût exaucer lorsqu'un loup assez robuste se présenta au pied de la bute.

- Alpha… j'aimerai avoir votre permission pour que certains loups encore apte à chasser et moi puissions aller hors des terres darkness ramener de quoi remplir nos ventres.

Argawaen ? Pourquoi cela ne m'étonnait pas... Il était peut être un peu plus téméraire que les autres. Du moins c'était ce qu'il me montrait à l'instant. Je me mis à le fixer droit dans les yeux du haut de mon tas de terre, ignorant tout autre loups autour de nous. Le silence qui s'était installé laissait ma réponse se faire languir aux oreilles de la meute.  J'aimais les voir ainsi, me faire désirer, baver d'impatience. Tout en réfléchissant au problème à résoudre. Certes le gibier se faisait rare sur nos terre mais aller dehors sans créer une émeute et attirer les ennuis, ça c'était plus difficile. Je connaissais Argawaen et il adorait plus que tout se mettre en danger et provoquer des duels. C'était compréhensif mais bon… Cela me rappelait quelqu'un cependant… Bref ! Là n'était pas la question. Je voulais laisser une nouvelle chance à Argawaen en espérant ne pas le regretter plus tard. Quelques secondes plus tard il ajouta :

- Chef, la meute est affamée, je propose que 3 loups dont moi partions chasser sur les terres neutres, là où la viande y est plus présente, afin que nous puissions tous reprendre des forces.

Il était raisonnable, mais je doutais de plus en plus. Peut être avais-je tord. Je soupirais avant de répondre :

- J'aime ton initiative Argawaen, dommage que d'autre ne l'ai pas eu avant... Mais prends seulement des chasseurs avec toi, je préfère garder les autres guerriers ici pour protéger le reste de la meute. Va maintenant !

Autant mettre en péril un seul de mes guerriers plutôt que deux. Même si la meute était faible dû à un manque de nourriture, nous n'étions pas pour le moins inconscient du danger qui nous guettait. Si les chasseurs étaient en danger je savais que la fougue et le courage d'Argawaen réussiraient à mettre à terre plus d'un loup malgré qu'il soit seul pour les défendre. Cependant, lorsque je laissais un dernier regard sur mes loups et louves je vis une immense tristesse quant à la douleur qui les ronger de l'intérieur. Pensait-ils qu'ils ne reviendraient pas avec quelque chose ? Possible. Il faisait nuit après tout, tout était envisageable. C'était le moment de tester leur loyauté. C'est ainsi que j'ajoutais :

- Mais ne revenez pas sans un gros gibier... Sinon c'est vous qu'on dégustera au menu. Vous avez jusqu'à l'aube.

Ils avaient le choix : soit de revenir avec un gibier qui comblerait chacun des estomacs ici présent, soit d'abandonner tout ce qu'ils connaissent, là où ils ont grandi, afin de mourir plus tard aux griffes de l'ennemi, seul. Tandis, que mes yeux commencèrent à dériver de nouveau vers la forêt, un loup s'approcha de moi. « Qu'est ce qu'il y a encore !? » pensais-je avec agacement.